Serpent de France

Bonjour,
Mon voisin de saline m'a raconté ce matin avoir trouvé deux personnes en tenu camouflage allongée sur mes ponts d'oeillets. Intrigué, il est allé voir; il s agissait de deux herpétologues (l'un avec un accent teuton et l'autre, une dame, parfaitement francophone) gantés et munis d’appareils photos. Ils venaient de trouver une jeune péliade sur mon échelier (passage entre la saline et le tremet ou est stocké le sel de l'année...). Cela m'amène à vous poser une question. Sachant que c'est l'endroit le plus dangereux pour un serpent (seul passage vers la saline il est très fréquenté par moi même et ma cueilleuse de fleur de sel), aucun endroit pour se cacher, fuite possible vers seulement deux directions et sans cachettes proches non plus; sachant que dans le même temps, j'ai ménagé deux zones (l'une à 20 m l'autre 70m) de broussailles ou j'ai déjà vu des vipères afin de les y fixer... que faisait elle là? Les deux herpéto étaient ravis car après 3 jours infructueux en Brière ils commençaient à prospecter le marais salant depuis 5mn.
Si ces deux personnes fréquentent le site, merci de me recontacter je vous montrerai mes coins... et j'aimerais bien une copie des photos...

Peut-être la vipère passait-elle d'un endroit favorable à un autre ?
C'est peut-être un individu explorateur mis en confiance par des conditions météo très favorables ? On peut en trouver dans des endroits étonnants, mais ils payent souvent très cher leur "audace".
Elle a peut-être aussi été mise là par les herpéto pour la photo ?

Dans quelques jours, tu pourras peut-être trouver leurs clichés ici : http://fieldherping.eu/Forum/index.php.

merci pour le tuyau. N'ai craintes, la vipère ne craint rien. J'aime à croire qu'il s'agit d'un rejeton d'un "noeud de vipère" sur lequel mon épouse a failli marcher en mai ou juin 2010 tout à coté... Question subsidiaire : il me semble avoir lu qu'une vipère n'aime pas le vent... Qqun peut il me le confirmer?

alain a écrit:merci pour le tuyau. N'ai craintes, la vipère ne craint rien. J'aime à croire qu'il s'agit d'un rejeton d'un "noeud de vipère" sur lequel mon épouse a failli marcher en mai ou juin 2010 tout à coté... Question subsidiaire : il me semble avoir lu qu'une vipère n'aime pas le vent... Qqun peut il me le confirmer?

On commence à bien te connaitre Alain, nous n'avons plus aucune crainte.
Il semble en effet que certaines espèces, en particulier l'aspic, n'aiment pas du tout les conditions venteuses pendant lesquelles elles seraient moins ou pas du tout actives. Par son effet refroidissant intense, un fort vent frais peut rapidement anéantir des heures de thermorégulation, ce qui n'est certainement pas rentable pour une espèce thermophile. Ça dépend donc certainement de l'espèce, du climat, de la période de l'année etc... Il y a peut-être aussi une moins bonne perception de leur environnement visuel et olfactif (?).

De part leur physiologie particulière, il me semble qu'on comprend mieux des reptiles en imaginant quelle est la rentabilité énergétique de leurs comportements, et qu'une mauvaise rentabilité entraîne la mort à terme de l'individu. C'est d'ailleurs valable pour tout le vivant, mais plus flagrant il me semble chez les reptiles, ectothermes et globalement thermophiles.

j'ai peut être une explication au comportement audacieux de cette vipère... J'ai une nichée d'avocettes (et de perdrix d'ailleurs) juste à coté et ce matin je n'ai compté qu'un poussin (au lieu de trois)... Peut être s'est elle approché d'une assurance repas quitte à prendre des risques... Bémol cependant : se coltiner papa et maman avocette c'est rock n' roll!!! donc je sais pas. D'autres parts est ce possible que les serpents aient une "horloge interne": la fréquentation humaine étant à heure fixe elle peut sortir quand elle se sait seule et se faire surprendre par des visiteurs inconnus?...
Quel monde fascinant

alain a écrit:j'ai peut être une explication au comportement audacieux de cette vipère... J'ai une nichée d'avocettes (et de perdrix d'ailleurs) juste à coté et ce matin je n'ai compté qu'un poussin (au lieu de trois)... Peut être s'est elle approché d'une assurance repas quitte à prendre des risques... Bémol cependant : se coltiner papa et maman avocette c'est rock n' roll!!! donc je sais pas. D'autres parts est ce possible que les serpents aient une "horloge interne": la fréquentation humaine étant à heure fixe elle peut sortir quand elle se sait seule et se faire surprendre par des visiteurs inconnus?...
Quel monde fascinant

Ces poussins me paraissent un peu gros pour une vipère, dont le régime est surtout constitué de micro-mammifères (lézards chez les juvéniles) : si elle en avait mangé un, elle devait avoir l'estomac particulièrement distendu.
Il me semble possible que les individus du coin aient adapté leur comportement à la fréquentation humaine du site, dans la mesure où cela n'impacte pas trop négativement leur thermorégulation ; si les deux ne sont pas compatibles, je les vois plutôt aller chercher plus loin la tranquillité à laquelle ils aspirent. Il peut également s'agir d'une coïncidence : vous avez peut-être l'habitude de passer à des heures où les vipères ne sont pas ou plus dehors, si bien qu'elles ne sont habituellement pas confrontées à vous et passent inaperçues.

oui c'est vraisemblablement ça, ce sont les premiers marais que je prends donc il fait presque noir. Par contre un pote LPO me soutien que le poussin d'avocette peut être au menu d'une péliade...

en tout cas, merci pour vos réponses...

alain a écrit:Par contre un pote LPO me soutient que le poussin d'avocette peut être au menu d'une péliade...

Sur quelle base ? Il a vu, entendu parler, estime possible ou autre ?

Bonjour, effectivement, il parle d'"instinct" et n'a jamais assisté à une telle scène. Merci pour la leçon de rigueur.
Bon week end

Bonjour, Boomslang. Après visionnage de la vidéo de Guy Neaulleau ("comportement prédateur de la vipéra aspis"), le poussin d'avocette est plus petit que la souris blanche du film... je pense donc que la vipère péliade aussi pourrait en manger... Il est vrai que les prédateurs pour ces pauvres poussins ne manquent pas au marais (il n'y aura pas eu de survivants au bout d'une semaine). D'autres part puis je vous suggérer d'ajouter une bibliographie plus complète sue le site...
Bonne journée

alain a écrit:Bonjour, Boomslang. Après visionnage de la vidéo de Guy Neaulleau ("comportement prédateur de la vipéra aspis"), le poussin d'avocette est plus petit que la souris blanche du film... je pense donc que la vipère péliade aussi pourrait en manger... Il est vrai que les prédateurs pour ces pauvres poussins ne manquent pas au marais (il n'y aura pas eu de survivants au bout d'une semaine). D'autres part puis je vous suggérer d'ajouter une bibliographie plus complète sue le site...
Bonne journée

Si tu le dis, je te crois, ne connaissant pas grand chose à l'avocette. Le seul fait que la taille soit compatible avec les capacités d'ingestion ne veut pas pour autant dire qu'il s'agit d'une proie habituelle, ni occasionnelle ou même exceptionnelle : le stimulus olfactif est primordiale chez les vipères (cf. vidéos de Naulleau justement), et le biotope dans lequel niche l'avocette est-il couramment utilisé par la péliade à cette période ?
La littérature semble bien peu loquace sur cette part du régime alimentaire, ne parlant au mieux que de passereaux occasionnels, peut-être faute d'observation au bon moment et au bon endroit. Du coup, une donnée documentée serait vraiment la bienvenue et très intéressante pour combler ce vide potentiel.
Au boulot !

les rapports herpetofaune/avifaune sont une de mes clés d'entrée pour les serpents (tout à tour proie ou prédateur...). Malheureusement, je ne suis pas naturaliste. Tout au plus ce que je peux faire , c'est accueillir ceux qui étudient la question ... à bon entendeur

Péliade et couleuvre a collier peuvent éventuellement prédater un poussin d'avocette (la taille ne pose pas de problème mais ceci doit etre très rare).La population des avocettes de Guèrande a l'air de ce maintenir correctement (vue que c'est la réponce de Fred qui les surveilles ).

india a écrit:Péliade et couleuvre a collier peuvent éventuellement prédater un poussin d'avocette (la taille ne pose pas de problème mais ceci doit etre très rare).

Voilà la couleuvre à collier maintenant... Même question que pour Alain : qu'est-ce qui te fait dire ça, India ? La science ne se base pas sur de simples suppositions, mais sur des faits concrets.